Articles publiés sur la Société Philatélique, Paris.
Voici les textes originaux de 8 articles parlant de différentes sociétés : principalement de la Société Philatélique Paris, mais aussi de celles de Londres et brièvement de New-York. Ainsi que de la Société Française de Timbrologie. Par ordre chronologique :
Le Timbrophile, n°7, 15 mai 1865, pages 55 et 56.
LES PROSCRITS
(EPILOGUE)
Monsieur le Directeur,
Il paraît que j'ai touché à une des questions les plus intéressantes de la timbrophilie, en répondant quelques mots à l'article si absolu de M. E. Regnard, qui condamnait à être jetés au panier tous les timbres oblitérés. (...)
Comme beaucoup d'amateurs, je pense que la timbrologie est une science qui a un avenir au moins égal si ce n'est supérieur à la numismatique. Pourquoi alors ne pas former une « Société timbrologique de France ? » Une pareille association rendrait de grands services; (...) Si mon domicile n'était pas si éloigné et en dehors de presque toute communication postale, surtout depuis la suppression du service des Pony Express, qui m'apportait autrefois tous les huit jours des lettres de France, je me ferais un plaisir de pousser à l'organisation d'une pareille société ; mais à une semblable distance, je ne puis qu'offrir des vœux pour sa réalisation, espérant que mes savants compatriotes les amateurs parisiens ne se laisseront pas distancer par les Anglais qui eux, m'écrit-on, sont sur le point de fonder « The London Timbrological Society. »
UN AMATEUR DES MONTAGNES ROCHEUSES.
Notre
"amateur des Montagnes Rocheuses" faisait-il partie de ces gens qui
attendaient le premier Pony-Express. ?
(dessin
de Morris, extrait de Lucky Luke, Le Pony Express, scénario de
Xavier Fauche et Jean Léturgie, éditions Dargaud, 1988)
Jules Marcou (Salins France 1824 - Cambridge Mass. USA 1898)
Photos
source BNF (cliquer pour agrandir). A gauche en 1872, photographié par A. Sonrel, Boston
USA. A droite en 1883, photographié par Pach Bro's, New York USA.
Notes sur l'amateur des Montagnes Rocheuses
Mais
qui se cachait sous ce pseudo qui proposait la création d'une Société
timbrologique de France ? Comme indiqué dans les biographies
de Brian Birch, il s'agit du
célèbre géologue français Jules Marcou !
Il
a habité aux Etats-Unis (notamment dans le fameux "Far
West") et a été le premier à en faire une
carte géologique. Il a aussi publié une carte géologique
de la terre qui eut un gros succès. On trouve beaucoup d'informations
sur lui sur internet, comme par exemple sur Wikipedia
ou dans les Annales
des Mines.
Merci à Vincent
Schouberechts pour avoir été le premier à me signaler
qui se cachait sous ce pseudo, et pour m'avoir communiqué ce passage
sur Marcou écrit par B. T. K. Smith, paru en janvier 1912 dans le Journal of the Philatelic Society,
volume V, numéro 1, page 7 (référence indiquée dans
Birch) et dont voici un extrait (cliquer sur l'image pour
voir le passage entier) :
Le Timbrophile, n°9, 15 juillet 1865, pages 70 et 71.
Le n°7, du 15 mai dernier, du Timbrophile, contient une lettre intitulée : Les Proscrits, Epilogue, et signée : Un Amateur des Montagnes Rocheuses(1). Nous ne voulons nous arrêter que sur le dernier paragraphe de cette lettre, pour relever une erreur qui nous a fort étonné, et que nous n'avons pu nous expliquer que par le séjour de son auteur au milieu des déserts de l'Amérique du Nord. Il faut avouer ausi que la faute en est un peu au Timbrophile, qui n'a pas enregistré dans ses colonnes l'acte de naissance du nouveau-né. C'est une négligence impardonnable, surtout lorsqu'on a l'insigne avantage de pénétrer au milieu des Montagnes Rocheuses, et d'être transporté jusqu'aux confins du monde par les... ma foi, nous ignorons qui a obtenu la succession des Pony-Express(2).
Empressons-nous donc de réparer cette grave omission.
Au mois de janvier dernier, plusieurs des principaux amateurs de Paris convinrent de se réunir pour s'occuper de timbres-poste. M. Bécourt offrit obligeamment son salon à ses confrères. Grâce au concours de plusieurs personnes, il put adresser une lettre de faire part à tous les amateurs connus de Paris et les engager à assister à cette réunion. Elle eut lieu, en effet, et son résultat immédiat fut l'adhésion des membres présents à la constitution d'une société permanente, devant se réunir le deuxième jeudi de chaque mois. M. de S...(3), membre de l'Institut, fut à l'unanimité nommé président d'honneur, titre qu'il voulut bien accepter en promettant de venir présider lorsque ses trop nombreuses occupations lui permettraient de le faire. M. H...(4) fut également nommé président à l'unanimité, et M. R...(5) secrétaire. Une commission fut choisie pour préparer le règlement de la société. Dès la séance suivante, ce règlement était soumis à la société, et accepté par elle après discussion. La société déclarait aussi qu'elle dresserait un catalogue raisonné de tous les timbres connus, et un autre des essais. Enfin, elle partageait le travail préparatoire de l'Europe entre tous ses membres. A la séance de juin, plusieurs sociétaires venaient déposer leurs études sur le bureau. Vu le petit nombre de membres présents, la société ne crut pas devoir commencer la discussion du catalogue, mais il y a tout lieu d'espérer que, grâce au zèle de ses membres, à leur activité, et à l'habile direction de leur président, ce travail sera mené promptement à bonne fin. Si les catalogues de timbres ne manquent pas, on ne peut, malgré tout, s'empêcher de reconnaître ou qu'ils sont très incomplets, ou qu'ils ont plutôt les caractères d'un prix-courant. Espérons que celui de la société saura éviter ces deux écueils. Un catalogue des essais est aussi de première utilité, car on en trouve à peine quelques-uns mentionnés dans les catalogues de timbres.
Ainsi, contrairement à l'opinion de l'honorable amateur des Montagnes Rocheuses, c'est à la France que revient l'honneur d'avoir constitué la première Société d'amateurs de timbres-poste. Nous n'oserions affirmer que cet honneur revient à Paris. Car vers l'époque de la fondation de la société, M. Mahé(6) nous signalait à Nevers l'existence d'une société de jeunes timbrophiles(7) et nous faisait connaître que le père de l'un d'eux avait été chargé de faire graver à Paris le cachet de cette société. Est-elle antérieure ou non à celle de Paris ? Peu importe. Ce qu'il faut signaler à tous, c'est que la Société de Paris est constituée par l'adhésion d'une vingtaine d'amateurs ; qu'elle s'est donné un règlement, qu'elle a choisi ses dignitaires annuels, et qu'elle a commencé à s'occuper d'un des objets qui réclament en première ligne toute son attention, un catalogue des timbres-poste et des essais. Enfin nous pouvons ajouter que l'intention de ses membres est de demander à l'autorité compétente la permission de se réunir et de lui soumettre le règlement de la société lorsque le nombre de ses membres lui fera un devoir de se conformer aux prescriptions de la loi.
Mais vous me demanderez : Sous quel nom s'est-elle constituée ? Au mois de novembre dernier, l'honorable président de la société, dans l'article Baptême d'un journal de timbres(8), proposait le mot Philatélie pour désigner la science des timbres. Philatélie, disait-il, est formé de deux mots grecs : φιλος ami, amateur, et ατελης (en parlant d'un objet) franc, libre de toute charge ou impôt, affranchi ; substantif ατελεια. Philatélie signifierait donc : Amour de l'étude de tout ce qui se rapporte à l'affranchissement. En galant homme, M. H... priait instamment les jeunes et charmantes lectrices du journal(9) d'en être les marraines. Or l'approbation qu'il sollicitait d'une manière si gracieuse de la plus belle moitié du genre humain, pouvait-elle lui être refusée par l'autre moitié qui ne saurait lui opposer que des mots d'une euphonie plus que douteuse comme Timbristique, Timbrologie, etc. Aussi, après une longue discussion engagée d'abord sur les mots rivaux qui partagèrent le sort des amendements de l'opposition, sur la proposition de M. D...(10), la société adopta-t-elle le titre suivant : Société Philatélique ou des amateurs de timbres-poste, reconnaissant par là que le titre avait besoin d'explication.
Voilà donc la société fondée : que lui manque-t-il ? Hélas ! que peuvent faire un petit nombre de membres isolés, lorsque chaque jour démontre l'existence sur toute la France, nous dirons même sur tout le globe de nombreux timbrophiles qui ne demandent qu'à mettre en commun le fruit de leurs recherches et de leurs études ! C'est là le plus ardent désir de chacun des membres de la Société Philatélique de Paris ; et nous sommes certain d'être leur interprète en invitant tous les Philatèles de France et de l'univers, à se réunir en sociétés locales et à se mettre en relation avec la Société de Paris en lui adressant leur adhésion collective ou particulière. Ainsi verrons-nous cesser cet isolement si préjudiciable à tous et naître ces relations affectueuses qui ne pourront manquer d'imprimer à la timbrophilie une impulsion nouvelle et un essor qui la placera à côté de la numismatique et de la sphragistique(11).
Messieurs les amateurs de France et de l'étranger sont invités à adresser leur adhésion à M. Becourt, secretaire de la Société Philatélique, 48, rue de Babylone, à Paris, écrire franco.
Dr MAGNUS.(12)
Nous publierons dans ce journal un compte rendu
des travaux de la Société Philatélique(13).
(Note de la Direction.)
Notes sur l'article
(1) Pseudonyme
de Jules Marcou
(2) Les
Pony-Express ont été détrônés par
le télégraphe en 1861. Voir le dessin de Morris ci-dessous.
(3) M.
de Saulcy
(4) M.
Herpin
(5) M.
Regnard ? Peut-être plutôt une erreur typographique entre R et B, car c'est M. Bécourt qui
est le secrétaire. Voir
la fin de l'article.
(6) Fondateur
du Timbrophile dans lequel cet article paraît
(7) Quelle
était cette société de Nevers ?
(8) Le
titre de l'article était tout simplement Baptême
(9) Le
Collectionneur de Timbres-Poste, journal concurrent du Timbrophile
(10) Qui
était ce M. D...? Peut-être Donatis ?
(11) Etude
des sceaux, également citée dans l'article Baptême
(12) Pseudonyme
du Dr Jacques Legrand
(13) La
vie de la Société ayant été brève, il n'y eut aucun compte-rendu publié...
(2)
suite : (cliquer
l'image pour agrandir) Les Pony-Express, ici avec
le
fameux William Cody,
sont détrônés par le télégraphe,
et notre "amateur des Montagnes Rocheuses" n'a plus son courrier
!
(dessin de Morris, extrait de Lucky Luke, Le Pony Express,
scénario de Xavier Fauche et Jean Léturgie, éditions Dargaud,
1988)
Le Timbrophile, n°11, 15 septembre 1865, page 87
SOCIÉTÉ PHILATÉLIQUE
Nous nous proposions de faire connaître dans ce numéro le Règlement de la Société Philatélique, en réponse aux lettres de plusieurs amateurs des départements qui sont parvenues à M. le Secrétaire. Diverses circonstances indépendantes de notre volonté, nous en ont empêché. En ce moment, époque de la villégiature, l'absence de plusieurs membres de la Société a fait suspendre les séances pendant les mois d'août et de septembre. Nous espérons, le mois prochain, pouvoir entrer dans des détails qui satisfairons nos honorables correspondants. Qu'ils veuillent bien, en attendant, recevoir les remerciements de la Société pour leur adhésion empressée.
Dr M.(1)
(1) Dr Magnus, pseudonyme du Dr Jacques Legrand
Le Timbrophile, n°12, 15 octobre 1865, pages 93-94
A NOS LECTEURS
Nous voici, grâce à vous, chers lecteurs, parvenu à notre douzième numéro, et le Timbrophile peut aujourd'hui, dire avec fierté : J'ai un an ! Un an !
(...)
Un nouvel attrait va encore s'ajouter à notre feuille : ainsi que nous n'avons annoncé, la Société Philatélique de France, composée de tout ce que nous avons à Paris, et ailleurs, de personnes les plus versées dans la science des timbres-poste, nous a accordé la faveur spéciale de publier, dans le Timbrophile, le résumé des séances qu'elle tiendra, à partir du courant de ce mois, époque probable de sa rentrée et de sa constitution définitivé. Notre prochain numéro contiendra les statuts de la Société et les conditions d'agrégation.
Nous n'avons pas besoin d'insister sur l'importance qu'auront pour tous les timbrophiles les communications qui nous seront mensuellement faites par la Société Philatélique ; qu'il leur suffise de savoir que nous ferons passer sous leurs yeux les travaux et observations de M. Herpin, président, et de M. Becour, secrétaire de la Société ; de MM. Regnard, Dis(1), etc., tous d'une science éprouvée, et du docteur Magnus, dont nos lecteurs ont pu apprécier ici les articles si substantiels et si consciencieusement étudiés. Là seront discutés et éclaircis les points restés obscurs de la timbrophilie ; là enfin se fera la lumière ; là s'écrira la loi.
(...)
PIERRE MAHÉ.
(1) Donatis
The Stamp Collector's Magazine, June 1, 1866, page 87
THE SOCIÉTÉ PHILATÉLIQUE
COLLECTORS
were informed some months since of the establishment of a Philatelic Society
in Paris. The details of its creation have not, however, hitherto been given.
The following abridged extract from Le Timbrophile(1)
will therefore, we doubt not, prove interesting.
‘In the month of January
last (1865) the principal amateurs of Paris being desirous of uniting together
for the study of stamps, M. Bécourt obligingly offered his saloon to his
confrères. At the meeting which was held a number of persons attended,
and a letter was addressed to all the known collectors in Paris inviting
their assistance in this reunion. Those present united themselves into a
permanent society, und resolved to meet on the second Thursday in each month.
M. de S.(2),
member of the Institute, was unanimously appointed honorary president, and
that gentleman accepted the appointment, promising to attend as often as
his numerous engagements would permit ; M. H.(3),
was with equal unanimity appointed (working) president, and M. R.(4),
secretary. A committee was also nominated to prepare the rules of the society.
At the next meeting the rules were proposed and accepted with little discussion.
The society further resolved that it would set about the arrangement of
a catalogue of all known stamps, and another of essays. At the meeting in
June, several of the members gave in papers stating the results of their
studies on the subject. In view of the small number present, however, the
society decided to postpone the preparation of the catalogue, but hoped,
relying on the zeal and activity of its associates and the able direction
of its president, to bring the work to a successful conclusion.
‘Thus
France has had the honour of constituting the first society of postage-stamp
amateurs, whose earliest occupation is to draw up a reliable catalogue of
stamps and essays. It is their desire that all the philatelists of France
and of the world unite with them, either by forming local societies affiliated
to that of Paris, or by the individual adhesion of every collector.’
The
society whose formation was thus announced seems hardly to have answered
the expectations of its founders. The journal from which the above account
was quoted stated that it would publish a report of the meetings. In September,
1865, it announced, that owing to the absence of several of the members,
the sittings had been suspended during August and September, but it is now
April, and there is no further notice of the Society, which we fear therefore
has proved a failure. If this is the case, it is much to be regretted ;
the effort was a worthy one, and had it been successful, must have resulted
in great benefits to collectors. We are not without hope that a similar
society on this side of the water might have a longer life.
(1) Le
Timbrophile, n°9, 15 juillet 1865, p.70-71
(2) M.
de Saulcy
(3) M.
Herpin
(4) M.
Regnard ? Peut-être plutôt une erreur typographique entre R et B, car c'est M. Bécourt qui
est le secrétaire.
Le Timbrophile, n°21, 15 juillet 1866, pages 171-172
Voir la vente de la collection Herpin.
Le Timbrophile, n°55, 30 mai 1869, pages 442-444
SOCIÉTÉ PHILATÉLIQUE DE LONDRES
PROJET D'UNE SOCIÉTÉ PHILATÉLIQUE INTERNATIONALE
Il était depuis assez longtemps question de fonder une société réunissant les amateurs qui s'occupent de collectionner les timbres-postes. Un essai eut lieu à Paris pendant l'année 1865, mais après deux ou trois réunions préparatoires, la société cessa d'exister, plusieurs des principaux membres ayant renoncé à collectionner des timbres-postes. Depuis, quoique Paris renferme un nombre respectable d'amateurs sérieux, et qu'il ait vu publier le premier Catalogue de timbres-postes, les amateurs parisiens n'ont pas pu encore s'entendre. Londres vient d'être plus heureux, et une société qui a pris le nom de Société philatélique de Londres (The Philatelic Society, London), s'est fondée en avril dernier. On nous communique les détails suivants sur la fondation de la Société :
Une réunion d'amateurs de la Philatélie s'est tenue à Great Russel street, Bloomsbury, n° 93, Londres, le samedi 10 avril, dans le but d'examiner le projet d'une société philatélique.
(...)
Après l'adoption de ces résolutions, M. Philbrick, appuyé par M. Hayns, propose que les amateurs présents se constituent en Société philatélique de Londres. Cette proposition ayant été acceptée, les personnes suivantes sont désignées pour constituer provisoirement la Commission directrice de la Société :
Président : Sir Daniel Cooper, Baronner,
membre de la Société de Géographie
Vice-Président : F.-A. Philbrick,
Esq.
Secrétaire : W.-D. Atlee, Esq.
Membres de la Commission :
E. L. Pemberton, Esq.
C. W. Viner,
Esq., A. M. Ph.-D.
T. F. Erskine, Esq.
J. Speranza, Esq., R. M.
F. Artillery.
W. E. Hayns, Esq.
D'autres séances ont eu lieu les 17 avril et 1er mai pour discuter les questions intéressant la constitution de la société. (...)
(...)
Non content de ce premier succès, le secrétaire, M. W.-D. Atlee, de Brighton, qui paraît être le principal promoteur et l'âme de cette Société, en propose une autre beaucoup plus vaste et qui réunirait les amateurs de timbres-postes de tous les pays. Cette nouvelle Société prendrait le titre de Société Philatélique Internationale. Pour commencer, il y aurait trois divisions principales, savoir : une à Londres, l'autre à Paris et la troisième à New-York. (...)
Il existe à New-York une Société philatélique qui fonctionne depuis dix-huit mois, mais qui jusqu'à présent ne paraît pas être très prospère. Son organe est : The American Journal of Philately, publié à New-York.
Nous ne savons si le projet de former une Société à Paris, sera bientôt repris. Jusqu'à présent les premiers collectionneurs, à quelques exceptions près, ont abandonné la partie après avoir vendu leurs collections, qui ont en général pris le chemin de Londres. Cependant le nombre de collectionneurs s'accroît chaque année et le gouvernement lui-même se met de la partie, puisqu'il vient d'exposer à l'Hôtel des Monnaies une collection que tous les visiteurs peuvent consulter.
Espérons que bientôt nous aurons aussi notre Société de Timbrophiles.
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Les observations qui précèdent en ce qui concerne la Société de Paris sont de la plus grande exactitude. Dans le numéro 9 du Timbrophile (15 juillet 1865), nous avons fait connaître la naissance de la Société et les noms de ses dignitaires, et qui plus est l'existence d'une Société de Nevers ayant le même objet. Qu'est-il advenu de cette dernière ? Nous l'ignorons, mais l'histoire de la Société parisienne est vraiment lamentable. C'est chose bien connue que les présidents et le premier secrétaire(1) ont cédé leurs collections à des amateurs anglais et belge(2), et que leur exemple a entraîné, plus ou moins tardivement, plusieurs autres collectionneurs(3),. Mais il n'en a pas été de même pour tous. Promoteur avec MM. Herpin et Bécourt de la fondation de cette Société, nous n'avons cessé d'en demander la réorganisation dans maintes circonstances, et l'accueil fait par les amateurs à nos travaux, nous a montré que nous avions bien fait de rester sur la brèche. Notre opinion n'a pas changé. Grâce au ciel, nous pouvons témoigner que la majeure partie des adhérents primitifs n'a pas abandonné l'étude et la collection de timbres-postes. Que faudrait-il pour reconstituer la Société parisienne ? Un centre de ralliement que notre demeure hors de Paris ne nous permet pas d'offrir, un terrain ami qui permit de se réunir tous les mois. Nous l'avons cherché en vain. Nous serons heureux que d'autres que nous puissent le trouver.
Qu'on nous permette une dernière observation. C'est sur la proposition de M. Philbrick que la Société de Londres a pris le nom de Société philatélique. Malgré toute l'amitié qui nous unit à l'aimable vice-président de la Société anglaise, nous ne pouvons nous empêcher de trouver bien malencontreuse sa proposition. Nous avons exposé l'étymologie du mot Philatélie (article cité). Il est certain que les très-honorables membres qui ont accepté cette dénomination n'ont pas compris qu'elle ne s'appliquait pas à la science des timbres-postes, signes représentatifs de l'acquit de la taxe postale, mais spécialement à l'étude des marques de franchise postale, qui n'est qu'une partie peu importante et le plus souvent négligée de la timbrophilie postale.
Mais une circonstance prime pour nous toute considération. Le mot Philatélie nous rappelle l'intervention d'un homme(4) qui, après avoir imprimé à cette étude une impulsion remarquable, qu'on ne saurait oublier, a, par une désertion inqualifiable, arrêté l'essor qui avait placé la timbrophilie française à la tête du monde. A notre humble avis, une Société française et surtout parisienne ne pourrait accepter le titre de Société philatélique sans rappeler ces cruels souvenirs. D'ailleurs, le mot Philatélie d'après son auteur, ne s'appliquant qu'à l'étude des timbres-postes, ne saurait comprendre les timbres-télégraphes et les timbres fiscaux qu'il nous paraît aujourd'hui impossible de séparer des timbres-postes.
Félicitons nos voisins d'outre-Manche de leur tentative généreuse. Souhaitons-leur tout le succès désirable, et en attendant la réorganisation de la Société de Timbrophilie parisienne, à laquelle notre concours est accordé d'avance, prenons envers nos lecteurs l'engagement de leur faire connaître chaque mois les travaux les plus remarquables de la Société de Londres.
Dr MAGNUS.
(1) Respectivement
Herpin et Bécourt
(2) Bécourt
a donc vendu sa collection à un belge. "C'est chose bien connue"
écrit ici Dr Magnus : y a-t-il ailleurs une autre trace de cette
vente ?
(3) Quelles
autres ventes ?
(4) Herpin
Bulletin de la Société Française de Timbrologie, 1er fascicule, année 1875, pages 15-17
DES SOCIÉTÉS DE TIMBROPHILIE.
Création et but de la Société française de Timbrologie,
lu à la séance du 5 décembre 1874,
par le Dr LEGRAND.
L'objet de notre réunion de ce soir est la création à Paris d'une Société s'occupant de l'étude des timbres. Pareilles sociétés existent, vous le savez, depuis plusieurs années à Londres et à New-York, et vous avez pu lire dans le Stamp Collector's Magazine et le Philatelist le compte rendu des séances de la première.
(...)
Pourquoi n'en est-il pas de même en France ? Ici, Messieurs, comme toujours, notre pays, après avoir pris l'initiative, a abandonné la voie dans laquelle il était entré. M. Donatis pourrait vous dire avec moi, qu'une Société avait été créée à Paris, en janvier 1865, dont nous avons fait partie. Elle comptait dans son sein, M. Herpin, De Saulcy, Comte Primoli, De Bécourt, et autres dont les noms m'échappent. Après quelques mois d'existence, elle s'est éteinte.
Les principaux membres, suivant l'exemple néfaste de M. H.(1), avaient vendu à l'étranger ! leur collection. Que pouvaient faire les autres membres privés de celui dont les travaux dans le Collectionneur de timbres-poste avaient guidé leurs premiers pas. Vous pouvez lire à la page 70 du Timbrophile le récit de cette première tentative (...)
(...) Ni dans ses séances, ni par les correspondances, la Société ne devra s'occuper d'échanges. (...) Pour mieux accepter cette disposition, les statuts contiendront certains articles relatifs aux marchands de timbres, dont vous apprécierez l'utilité. (...)
Reste le titre de la Société. Etant donné son objet, le titre de Société Philatélique ne saurait convenir, quoiqu'il ait été adopté par d'autres Sociétés. A nous, amateurs parisiens, le mot de Philatélie doit rappeler le souvenir funeste d'un homme qui, après avoir rendu des services éminents et incontestés à la science timbrophilique, nouveau Saturne(2), a dévoré son enfant. Timbrophilie(3) s'applique bien à la collection des timbres, mais plutôt à l'amour, à la manie, qu'à la science. Le mot de Timbrologie me paraît mieux indiquer l'objet scientifique de la Société. La Timbrologie pourra prendre rang à la suite des sciences naturelles, Zoologie, Minéralogie, Géologie. Soyons donc Timbrophiles, mais formons une Société de Timbrologie.
Etant admis le principe de la fondation de la Société, nous allons, si vous voulez bien, vous donner connaissance des projets de statuts.
(1) H.
= Herpin bien sûr.
(2) Dieu
de la mythologie romaine
qui dévorait tous ses enfants afin qu'ils ne puissent pas régner.
(3) Timbrophilie
avait été inventé par Mahé.
© Christian Boyer, http://www.christianboyer.com/philatelie