Société Philatélique Française.
La Société Philatélique Française, à ne pas confondre avec la défunte Société Philatélique de Paris, est autorisée par arrêté du Préfet de Police du 19 novembre 1889. Elle est conçue comme une société de marchands (les échanges et ventes de timbre sont autorisées à la fin des réunions), alors que la Société Française de Timbrologie, créée depuis plusieurs années, est une société de collectionneurs.
Ernest
Vervelle, le premier président de la Société
Philatélique Française
(cliquer
pour agrandir) (dessin d'Eugène Ringot, paru dans La Revue Française
des Collectionneurs n°69 de juin 1908, republié dans L'Echo
de la Timbrologie du 31 août 1916)
(photo
extraite du Timbrophile de France n°11 du 25 février 1904,
source
BNF Gallica)
Son siège est situé au 164 (plus tard ce sera au 149) rue Saint-Honoré à Paris. Lors de sa création, la société est présidée par Ernest Vervelle, nom aujourd'hui connu par les philatélistes pour une très rare variété vermillon pâle du Cérès de 1F : il avait trouvé une planche avec 139 de ces essais jamais émis, et maintenant appellés les "1F Vervelle".
Victor Robert, qui dirige la Revue Philatélique dans laquelle les travaux de la société sont rapportés, est un des membres du comité de la Société. Voici les présidents qui se sont succédés :
Les ennemis des deux revues concurrentes, Le Collectionneur de Timbres-Poste et Le Timbrophile, sont membres d'honneur à partir de 1893 : Pierre Mahé et Arthur Maury. Un troisième membre d'honneur s'ajoutera en 1895 : A. Donatis.
Maurice Langlois, le second président de la Société
Philatélique Française
(photo
extraite du numéro jubilaire de la Revue Philatélique d'avril
1899)
Maurice Langlois, le second président, sera plus tard le premier président de la Fédération Française des Associations Philatéliques créée en 1922. Cette fédération existe toujours : http://www.ffap.net/Historique/1922.php
Fusion avec la Société Française de Timbrologie
Jules Bernichon, dernier président de la Société
Philatélique Française
(cliquer
pour agrandir) (dessin d'Eugène Ringot, paru dans La Revue Française
des Collectionneurs n°58-59 de juillet-août 1907)
(photo
extraite du Timbrophile de France n°9 du 25 décembre
1903) (deux images source
BNF Gallica)
Début 1896, Jules Bernichon, alors qu'il vient juste d'être élu président de la Société Philatélique Française, propose à Donatis, président de la Société Française de Timbrologie, de fusionner les deux sociétés qui ont beaucoup de personnel en commun, ce qui disperse donc les efforts de ces personnes. Voici en effet l'état des deux sociétés, décrit par Bernichon :
- La Société Française
de Timbrologie compte 23 membres actifs et 81 membres correspondants.
Le Conseil est composé de MM. Donatis, Président ; Schœller,
Secrétaire ; Bernichon, Trésorier ; Schwab, Bibliothécaire
; Graignard ; K. Auscher ; Langlois et Le Roy d'Etiolles, Membres du Conseil.
La Société fait paraître un Bulletin Trimestriel
(...)
- La Société Philatélique Française
compte 64 membres titulaires et 140 membres correspondants. Le Bureau est
composé de MM. J. Bernichon, Président ; Langlois, Vice-Président
; Vincent, Secrétaire ; Christophe, Trésorier ; Schwab, Bibliothécaire.
Il est assisté de quinze membres qui complètent le Comité.
Elle publie la Revue Philatélique, qui compte 120 abonnés.
(...)
Ainsi qu'il résulte de l'état dressé ci-dessus,
les deux Sociétés ont identiquement le même personnel
administratif et dirigeant ; quelques membres occupent même des fonctions
communes dans les deux. Ainsi moi-même je suis trésorier de
la Société Française de Timbrologie et président
de la Société Philatélique Française
; M. Langlois est vice-président des deux (ce qui prête matière
à confusion) ; M. Schwab est bibliothécaire de l'une et l'autre
Société ; M. Schœller — président de la Société
Philatélique Française en 1895 — rédacteur de la
Revue Philatélique, est chargé des fonctions de secrétaire
de la Société Française de Timbrologie (...)
(Revue
Philatélique n°65, janvier 1896, pages 2-3)
Donatis accepte à condition que la nouvelle société garde le nom de Société Française de Timbrologie, pourtant la plus petite des deux sociétés et qui est alors en difficulté. Bernichon accepte :
La Société Française
de Timbrologie existe depuis 1873. Si elle se languit en ce moment,
il ne faut pas oublier qu'elle a produit beaucoup plus que la Société
Philatélique Française ; les ouvrages que contient sa
bibliothèque en diront plus long que nous sur ce chapitre. Il ne
faut pas non plus omettre que les membres ont pour M. Donatis, président,
une très grande vénération. Bien que moi-même
j'aurais désiré que la Société Philatélique
Française conservât son titre, je ne vois pas pourquoi
les membres fondateurs mettraient obstacle à une fusion telle qu'elle
se présente. Je leur demande de reconnaître qu'ils ont dévié
de leur but, ou qu'ils ont été les premiers coupables, en
établissant une distinction entre le marchand et le collectionneur,
et en cherchant à favoriser l'accès du comité à
l'un plutôt qu'à l'autre.
(Revue
Philatélique n°65, janvier 1896, page 5)
Par arrêté du préfet de police Lépine du 18 mars 1896, les deux sociétés françaises peuvent fusionner. Et le Conseil d'Administration 1896 de la nouvelle Société Française de Timbrologie est un savant mélange des conseils des deux anciennes sociétés :
Même si le nom de la Société Philatélique Française n'existe plus, elle continue aujourd'hui au travers de la Société Française de Timbrologie !
© Christian Boyer, http://www.christianboyer.com/philatelie