Biographie de Gustave Herpin
Tobie Gustave Herpin (Paris 1820 - Paris 1900), sa devise : "Honnête, Modeste"
(portrait extrait du livre
Ce qu'était la philatélie en 1867, par Georges Brunel)
(pour la devise
Herpin, voir plus bas dans cette page, sur son ex-libris)
Biographie, en résumé
Né à Paris en 1820 de père inconnu, il porte
le nom de sa mère, Clémentine Herpin.
Après des études au collège Sainte-Barbe, il
épouse à 25 ans la fille d'un notaire, petite-fille du baron François Fabre.
Il
est ami avec le collectionneur et philanthrope anglais Richard Wallace, qui est
témoin à son mariage.
Il est assez riche pour être rentier toute sa vie.
Grand collectionneur, il se construit à
chaque fois une des plus grandes collections -voire la plus grande- de France
:
...d'abord en médailles et pièces romaines, collection qu'il revend en 1857 en
Angleterre (vente Sotheby & Wilkinson)...
...pour démarrer une collection de
timbres, qu'il revend en 1866 à un Anglais (le juge Philbrick)...
...pour
ensuite démarrer une collection de livres poétiques qui sera vendue à Paris,
peu de temps après sa mort (vente à Drouot, puis Silvestre).
Lors de sa période collection de timbres, c'est
lui qui propose en 1864 le mot "philatélie", qui sera ensuite utilisé partout
dans le monde.
En 1865, il est nommé président de la Société Philatélique,
la première créée au monde, mais éphémère, elle ne résistera pas à la vente
de sa collection.
C'est un érudit et un virtuose de l'alexandrin.
Entre 1866 et 1879, il publie plusieurs livres historiques rédigés entièrement
en vers !
Il est commandeur de l'Ordre du Christ du Portugal,
et chevalier de plusieurs ordres étrangers.
Il décède en 1900, à 80 ans, et est enterré au
cimetière Montmartre, proche du peintre Greuze. Sa fille unique décède seulement
quatre ans plus tard, et sa femme cinq ans plus tard.
Biographie, en détails, de sa naissance jusqu'à ses 30
ans
- 22 janvier 1820, naissance à Paris de Tobie
Gustave Herpin, fils de Clémentine Herpin, mais né de père inconnu.
Sa mère
Clémentine était née aux Andelys (Eure)... le 14 juillet 1789... une date
quelque peu célèbre !!!
Lors de sa naissance, elle a donc 30 ans, et
habite à Paris, au 38
rue Meslée, qui s'écrit
maintenant Meslay.
C'est une famille initialement très modeste :
Julien Herpin, le père de Clémentine (donc le grand-père de Gustave) marié
à Adélaïde Parquet, était garçon meunier au hameau des Planches, aux Andelys.
Puis meunier à Montreuil-sur-Epte.
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Portrait de Clémentine
Herpin, la mère de Gustave Herpin peint par Mlle Henry vers 1830 (photo M. et Mme Michel Hélain)
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- 3 août 1820, il a six mois, sa mère achète l'immeuble de quatre étages, avec boutiques au rez-de-chaussée,
du 6 rue La Vrillière (incluant le 1 rue Catinat). Il vont y habiter, au 3ème étage,
et avoir des locataires aux autres niveaux.
Cet immeuble fait face
au fameux Hôtel de Toulouse
(voir Wikipedia), siège de la Banque de France depuis 1811.
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Gustave Herpin a habité
toute son enfance dans un bel immeuble acheté
par sa mère, face à la Banque de France (plan récent
Michelin, et image Banque de France à son inauguration en 1811)
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- 30 août 1821, baptême de Gustave à Paris.
Sa marraine
est sa sœur ainée
Joachime Clémentine Herpin, 6 ans et demi, elle aussi née de père inconnu.
Son parrain est Paul Presbourg, 15 ans,
qui deviendra justement le mari de sa soeur... Paul est d'origine hongroise, mais né à Paris en 1806.
- 21 mai 1831, mariage de sa sœur, 16 ans, donc
avec Paul Presbourg, négociant en pelleterie (peaux et fourrures), qui avait été naturalisé français
en 1828.
- 16 décembre 1833, décès de sa sœur
qui avait seulement 18 ans, sans enfant. Gustave reste le seul enfant de sa
mère.
Achat de la concession au Père Lachaise, où elle est enterrée.
Le corps de Joachime sera plus tard transféré à Montmartre.
Il a dû se passer des
événements avec Paul Presbourg, qui renonce au testament de Joachime
fait pourtant à son profit peu de temps auparavant, en juillet, et à la donation
aussi à son profit spécifiée dans son contrat de mariage.
Il se remariera en
1841, puis à nouveau veuf, en 1881.
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Plaque à la mémoire de la sœur de Gustave Herpin, décédée à 18 ans.
Caveau Herpin-Hélain du cimetière du Père Lachaise (photo C. Boyer, déc.
2012)
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- Etudes au collège Sainte-Barbe à Paris.
(*)
- 12 mars 1844, vente aux enchères
de l'immeuble rue La
Vrillière. Il n'habite plus avec sa mère, mais au 25 rue Neuve-Saint-Roch.
- 7 mai 1845, il épouse à Paris Louise Emmeline Pignel,
née le 16 novembre 1823 à Mouy, Oise. Il habite au 9 rue de Hanovre, il
continuera à souvent déménager...
Elle est la fille de Louise Idalie Fabre (1796-1849) et de Prosper
Pignel (1795-1871), notaire dans l'Oise.
Le grand-père maternel de sa femme était le militaire François
Fabre (1754-1827), commandeur de
la Légion d'Honneur, maréchal de camp (=général de brigade), nommé
baron en 1818 par Louis XVIII.
Voir
Wikipedia
sur François Fabre et le document de 1818 officialisant le titre de
baron de François Fabre.
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Portrait du baron Fabre,
dont Gustave Herpin a épousé une petite-fille (photo M. et Mme Michel Hélain).
Et couverture
du livre "La
volonté d'être, ou la vie du Général Baron François Fabre" (2003)
par Chantal
Hélain, une descendante de Gustave Herpin, préfacé par Jean
Tulard.
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Les témoins du marié sont des célébrités
de l'époque : Richard Wallace (1818-1890), le collectionneur et philanthrope anglais qui
est propriétaire
de Bagatelle, ou encore Jules de Vaufleury comte de Malterre. Côté mariée,
il y a le baron Albin Fabre, polytechnicien (X 1811), le fils aîné de François
Fabre, donc l'oncle de la mariée.
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Deux amis de Gustave
Herpin : Richard Wallace (portrait et signature), et
le comte
de Malterre (signature) (source des signatures : acte de mariage de 1845 du couple Herpin)
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- 5 mars 1846, naissance à Paris de sa fille unique
Marie Emmeline Mathilde Herpin. La famille habite au 17 rue La Bruyère.
(*) Information venant de la famille.
Malgré mes recherches dans les archives du collège Sainte-Barbe,
situées
aux Archives de Paris, je n'ai pas trouvé de trace d'un Gustave Herpin
parmi les élèves.
Biographie, en détails, de ses 30 ans jusqu'à ses
50 ans
- 3 au 10 août 1857, vente
de sa collection de médailles antiques chez Sotheby & Wilkinson,
à Londres : "Unique, Extensive &
Highly Important Collection of Roman Coins".
Plus de 1200 lots,
chaque lot étant composé d'une médaille ou de plusieurs exemplaires
de cette médaille. Toutes en état remarquable : "in the finest
preservation, and chiefly highly patinated, formed by that distinguished
and well-known collector, Monsieur Gustave Herpin, of Paris".
Il
avait composé sa collection en furetant un peu partout, et en achetant à
d'autres collectionneurs ou personnages réputés, comme Prosper Dupré, le
général Ramsay, le général Gazan, Raoul Rochette, Joseph L. E. Curt, le
Cabinet de France, etc...
Produit total de cette grosse vente étalée
sur une semaine : 3016£, c'est-à-dire environ 76 000 francs de
l'époque, un beau magot.
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Six médailles impériales
romaines ayant appartenu à Gustave Herpin, vendues en 1857 à
J. de Witte, juste avant la vente Sotheby. "Toutes
sont inédites et méritent une attention particulière, à cause
de leur parfaite conservation et de la beauté des types."
(source : Revue Numismatique n°2, 1857, page 205, et Planche
VI)
Puis couverture et première
page de la vente Sotheby en 1857. (source : BNF Richelieu)
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- 15 septembre 1858, décès à Paris de sa mère
Clémentine. Elle habitait au 2 passage Saint-Philippe-du-Roule. Il habite au 12 rue
Lavoisier.
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Plaque à
la mémoire de la mère de Gustave Herpin. Caveau Herpin-Hélain du cimetière du Père Lachaise (photo C. Boyer, déc.
2012)
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Sa période philatélique, moins
de dix ans de sa vie
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Biographie, en détails, au-delà de ses 50 ans
- 2 mai 1876. Les affaires de son beau-fils,
Félix Hélain, vont mal. Pour protéger la fortune Herpin, Mathilde demande et obtient une séparation de biens.
La
société Hélain disparaîtra du Bottin du Commerce en 1884.
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Papier à en-tête de
la société de Félix
Hélain dans les années 1870. La société va mal, et menace de manger la fortune de la
fille de Gustave Herpin.
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- 12 juin 1877, Gustave Herpin devient grand-père. Naissance
à Paris de sa petite-fille Marcelle Louise Félicie Joachime Clémentine Hélain
(1877-1965).
Il habite maintenant au 22 rue Pigalle, où il restera jusqu'à
son décès.
- 28 décembre 1878, il devient une deuxième
fois grand-père. Naissance à Paris de son petit-fils Maxime Gustave Félix Hélain
(1878-1952).
- 1879, publication de son 7ème et dernier
livre : "Précis-Memento de l'histoire du Portugal, en vers
technique, avec dates intercalées dans le texte".
Comme son livre précédent
sur le Portugal sorti en 1866, il le dédie à nouveau au roi Don Luis 1er.
- 4 février 1899, mariage à Paris de sa petite-fille
avec Georges Charles Gustave Pochet (1857-1934), alors capitaine commandant au
21ème Régiment de Dragons.
- 3 février 1900, décès à Paris de Tobie Gustave
Herpin, 80 ans.
Il est enterré au cimetière Montmartre dans le même
caveau que ses beaux-parents. Les corps de sa mère et de sa sœur, en
provenance du Père Lachaise, le rejoignent.
Son faire-part de
décès indique qu'il était commandeur de l'Ordre du Christ du Portugal, et
chevalier de plusieurs ordres étrangers.
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Faire-part de décès de Gustave Herpin (source : Bibliothèque
du Centre Généalogique de Paris, copie par M. et Mme Michel Hélain)
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- 27 au 29 mai 1903, Hôtel Drouot, première vente de sa
bibliothèque poétique "comprenant
les œuvres originales des principaux poètes français, depuis
le XIIIe siècle, jusqu'à la mort de Malherbe".
Il avait collectionné beaucoup de
livres rares : le
catalogue, qui fait 225 pages, détaille les 280 livres de la vente !
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Annonce de la vente
de la bibliothèque Herpin. (Gazette de l'Hôtel Drouot,
n°141-142 des 21 et 22 mai 1903)
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Premières pages du
Catalogue de la Bibliothèque Herpin utilisé pour
la vente à l'hôtel Drouot. .Voir aussi les dernières pages
: 219, 220,
221, 222,
223, 224,
225. (source : Bibliothèque
de l'Université d'Ottawa)
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Produit total de la vente à Drouot : 43 661 francs, une belle somme
en 1903.
En pouvoir d'achat, c'est équivalent à environ 160 000 euros de 2013.
Deux
livres dépassent les 1 000 francs, des exemplaires très rares
de François Villon et de Clément Marot datant du XVIème siècle.
- 31 mai 1904, deuxième vente des livres
de sa bibliothèque poétique, effectuée Salles Silvestre. Catalogue de 30
pages, détaillant 155 lots.
Le lot n°117 est très particulier : il s'agit
de près de 1000 invendus de ses propres écrits historico-poétiques. Celui
étant le plus en nombre est son histoire de la Suède, avec 407 exemplaires...
- 21 juillet 1904, décès de sa fille unique Mathilde Hélain,
née Herpin, à
Montmorency où elle se trouvait. Elle est enterrée au Père Lachaise.
- 31 octobre 1905, décès de sa femme à Paris.
Elle habitait au 27 rue La Bruyère, et est enterrée à Montmartre, où elle rejoint ses parents et Gustave.
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Tombeau Pignel-Herpin au cimetière Montmartre, où sont enterrés Gustave Herpin,
sa mère, sa soeur, sa femme (photo C. Boyer, déc. 2012). Refait bien après
le décès en marbre gris clair, totalement anonyme, sans aucune inscription.
C'est le 2ème à droite après celui du peintre Greuze (1725-1805) et sa célèbre
"Cruche Cassée"
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© Christian Boyer, http://www.christianboyer.com/philatelie